Qu’est-ce que la sexualité Kink ?

Kink Définition

Hello à toi et bienvenue pour une nouvelle séance de plongée dans les méandres des sexualités dites “hors normes”. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur les penchants des pêcheurs et pécheresses penchant vers le punissable…nous avons nommé : le Kink !

Mais qu’est-ce que ce terme mystérieux ? Qu’englobe-t-il et quels sont les bienfaits du kink malgré une image populaire qui dérange ?

C’est ce que nous allons tâcher d’explorer et de comprendre, avec, bien entendu, un peu de musique, parce que tout est bien plus agréable en musique. Bonne lecture !

Définition du Kink

La sexualité kink, aussi appelée « kinky sex » en anglais, que l’on peut traduire par « sexualité tordue/perverse/obscure » désigne une sexualité qui sort de l’ordinaire, qui se revendique hors norme, par distinction de la sexualité vanille (sexualité dite conventionnelle) et socialement acceptable. Elle implique des fantasmes sexuels et des pratiques sexuelles jugées déviantes, ainsi qu’un phénomène social d’appropriation d’un stigmate et la formation d’une sous-culture.

Origine et idées reçues du Kink

Le terme « kinky », qui signifie littéralement « vicieux, pervers », vient de l’argot américain et désigne une approche de la sexualité sortant de la norme

Le mouvement «  kink » des années 1970 a utilisé le terme « sexualité vanille » (vanilla sex) pour distinguer ce qui ne relevait pas de la communauté et de la culture « kink ». 

Le terme est apparu dans un contexte où l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale et peut être analysé comme un acte d’appropriation d’une identité jugée déviante par les membres d’une communauté marginalisée. Pour les fans d’horreur, vous pouvez avoir une certaine vision de cette charmante asso dans la série “American Horror History : Asylum”. Ça fait clairement froid dans le dos…

Bien que la frontière entre ce qui est conventionnel ou non en matière de sexualité soit floue et varie selon les périodes historiques et les cultures, la sexualité kink se situe par définition du côté « déviant » ou pervers de l’activité sexuelle. Les déviances sexuelles sont définies socialement, que ce soit de façon tacite ou explicite, et la société est rarement juste, qu’importe l’époque. La perception de ce qui relève de la perversion sexuelle et de ce qui relève du conventionnel a tendance à varier dans le temps, ainsi que selon les cultures et les valeurs, mais aussi des législations et de critères médicaux.

En 2014, un sondage mené par l’Université de Montréal auprès de 1 500 adultes québécois montre que peu de fantasmes sont inhabituels ou rares, bien qu’ils soient qualifiés d’« atypiques » dans le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques).

Dans le domaine de la sexualité humaine, la sexualité kink s’exprime à travers des pratiques sexuelles ou des fantasmes qui peuvent être vus comme étant hors de la norme, déviants.

Elle implique notamment des pratiques telles que la domination sexuelle, les jeux de rôle, le fétichisme ainsi que les paraphilies.

Kink Sexualité

Le terme implique donc une grande part de réaction, face à une stigmatisation et à des aspects normatifs entourant la sexualité humaine.

Cependant, la définition demeure complexe puisque le terme englobe aussi des pratiques qui ne sont pas sexuelles, bien qu’elles soient potentiellement dangereuses et excitantes, comme notamment les jeux de couteaux (knife play) ou le shibari, qui se basent principalement sur la soumission, le contrôle et des critères esthétiques, mais sans être sexuel.

Le mot “kink” a une multitude d’associations : cuir, fessées, corsets, fouets…et on en passe ! Si ses représentations dans la culture populaire sont abondantes et enthousiastes, elles sont hélas rarement exactes. 

Cinquante Nuances de Grey est l’exemple le plus récent, et peut-être le plus célèbre, de la perversité, en particulier du BDSM (bondage, discipline, soumission et sado-masochisme), dans la culture populaire, sauf qu’il se trompe de perversité. 

Les adeptes du BDSM ont qualifié le film de plus vanille que BDSM, voire de dangereux, en raison de sa compréhension superficielle de la sexualité violente, glorifiée sans contexte.

La préférence sexuelle kink est fortement stigmatisée et la psychologie qui la sous-tend est mal comprise. On pense que le kink est issu d’un traumatisme, qu’il abâtardit l’idée tendre de faire l’amour et il est donc populairement considéré comme “bizarre” et “anormal”. Nous allons nous appliquer à déconstruire ces images péjoratives.

Comprendre la psychologie Kink

Comprendre comment le penchant kink se développe et ce que ses adeptes en retirent est un premier pas vers la normalisation d’un aspect intégral de la sexualité humaine.

Le kink est défini comme un ensemble de comportements sexuels, sensuels et intimes consensuels et non traditionnels tels que le sadomasochisme, la domination et la soumission, les jeux de rôle érotiques, le fétichisme et les formes érotiques de discipline.

1) Deux développements identitaires distincts

Le kink peut se développer de manière innée pendant l’enfance ou être adopté plus tard dans la vie.

Nous pouvons être attirés par le kink de deux manières : le voyage est soit inné et réalisé au fur et à mesure que l’enfant grandit, soit c’est un goût acquis plus tard dans la vie pour d’autres personnes qui veulent explorer leur sexualité. 

Avant même l’âge de 10 ans, les enfants peuvent développer un engagement initial dans des comportements kinky, comme “vouloir être capturé en jouant aux gendarmes et aux voleurs, ou voir des émissions de télévision avec des super-héros en péril et se sentir absorbés par l’émission”. 

Entre 11 et 14 ans, nous devons faire face à nos penchants. Il peut s’agir de se sentir stigmatisé par rapport à ses intérêts kink, de se sentir généralement différent, de réaliser que tous ses pairs ne partagent pas ses intérêts, de s’inquiéter qu’il y ait quelque chose qui ne va pas chez soi, et parfois de s’engager activement dans des recherches afin d’essayer d’étiqueter et de comprendre ses intérêts. 

La découverte d’autres personnes partageant le même intérêt, par exemple via les forums internet et/ou la culture populaire, marque la dernière étape du développement du kink qui se produit généralement après qu’un kinkster (nom que l’on donne au pratiquant du kink) a dépassé 18 ans, et comprend l’expérimentation du kink avec d’autres personnes.

Kink Découverte et Expérimentation

Si ce développement identitaire n’intervient pas tôt, il conduit à une honte intériorisée, source d’anxiété, de dépression et d’idées suicidaires. Les jeunes kinksters ont souvent l’impression d’être des monstres, malades ou “mauvais” parce qu’ils nourrissent leurs désirs secrètement. Cela est principalement dû à la stigmatisation et au silence qui entourent les comportements kink, ce qui conduit à une pathologisation rampante de la psychologie pop du kink dans les médias et la loi. 

Étudier le développement de l’identité des kinksters peut nous aider à mieux comprendre comment ces personnes développent leur résilience face à un monde qui les considère souvent, au mieux, comme une blague et, au pire, comme des criminels violents ou des personnes mentalement dérangées.

2) Les dangers de la stigmatisation du kink

Le “jeu d’âge” est l’une des expressions de kink les plus stigmatisées, car il peut s’agir d’adultes se déguisant ou se comportant comme des bébés ou des enfants en bas âge dans une situation sexuelle. Malheureusement la culture populaire a tendance à faire l’amalgame entre le jeu d’âge et les abus sexuels sur les enfants. Or il s’agit de ne pas confondre : le premier est une préférence sexuelle, tandis que la seconde est une pratique illégale qui nuit aux mineurs qui ne peuvent pas consentir. 

Dans les jeux d’âge, les partenaires sexuels sont obligatoirement adultes et consentants. Ils jouent simplement un rôle en jouant un âge différent du leur, pour diverses raisons : ceux qui jouent plus jeunes peuvent vouloir qu’on s’occupe d’eux, qu’on les discipline ou simplement jouer un âge qui leur est plus familier. 

Pour ceux qui gravitent autour des âges plus avancés, leurs instincts peuvent provenir du désir de prendre soin de leur partenaire ou de le protéger, de satisfaire le désir de leur partenaire d’être discipliné, et d’une myriade d’autres raisons.

Les sexothérapeutes experts en la question appuient que les principales raisons pour lesquelles les kinksters recherchent une thérapie sont “d’être vus, d’être entendus, de se remettre de la honte, de découvrir comment avoir du plaisir sexuel sans se faire du mal à eux-mêmes ou aux autres”. 

Normaliser le kink pour la personne, et l’aider à trouver un partenaire qui partage ses idées ou qui l’accepte, est le plus important. Ces étapes mènent à l’acceptation de soi, à une diminution de la colère, à de meilleures habitudes de sommeil et à de meilleurs modèles de relations pour les personnes concernées.

L’environnement de soutien du kink peut être un havre pour ceux qui ont des désirs et des corps non normatifs.

Dangers Kink

3) BDSM et Kink

En ce qui concerne les relations dominant-soumis dans le BDSM, les motivations psychologiques sous-jacentes font l’objet de recherches plus approfondies. 

Pour les tops (dans le langage kink : les tops sont ceux qui adoptent un rôle dominant pour une rencontre sexuelle particulière, par rapport aux doms qui gravitent autour de la domination plus fréquemment), “je peux déterminer ce qui se passera ensuite ; je peux être indépendant ; je peux me sentir chéri”, constituent certaines des motivations érotiques. 

Pour les bottoms (en langage kink : les bottoms sont ceux qui adoptent un rôle de soumission pour une rencontre sexuelle particulière, par rapport aux subs qui préfèrent des identités sexuelles de soumission plus fréquemment), elles comprennent : “Je peux me concentrer à l’extrême ; je peux me sentir en sécurité ; je peux me sentir chéri ; je n’ai pas à prendre de décisions ; je n’ai pas à m’inquiéter des réactions de mon partenaire.” Pour les tops comme pour les bottoms, “l’ouverture, l’exploration, la confiance, la communication, l’humour (le jeu, le rire et l’amusement), les expériences sensuelles” sont prioritaires pour eux-mêmes et pour leurs partenaires. 

Pour les tops, leurs partenaires bottom ont besoin de “confiance, chaleur et bienveillance ; capacité à lire un partenaire ; confiance et force de caractère ; connaissances et compétences”. 

Chez les “bottom”, les “tops” ont besoin de “connaissance de soi, de qualités rebelles (comme le fait d’être un sale gosse), d’expressivité, d’abandon de pouvoir (service)”.

Un pansement psychologique

Outre la compréhension des motivations des acteurs sexuels, il est également important de détruire le mythe selon lequel le BDSM encourage la violence importune contre les partenaires. Dans les jeux sexuels qui impliquent des sensations intenses (parfois la douleur), par exemple, les joueurs cherchent à atteindre le plaisir et à défier leurs limites.

Les gens choisissent de se faire mal pour diverses raisons : pour soulager des émotions négatives, pour diriger leur colère contre eux-mêmes, pour obtenir l’affection des autres, pour interrompre un sentiment de vide, pour résister à des pulsions suicidaires, pour générer de l’excitation ou pour se sentir distincts des autres. 

Les lésions corporelles qu’une personne s’inflige en dehors d’un contexte sexuel – ce que l’on appelle le comportement d’automutilation non suicidaire – sont différentes du BDSM, principalement en ce qui concerne les sentiments qu’une personne éprouve après s’être fait mal. L’automutilation non suicidaire peut résulter du désir de soulager des sentiments accablants et de distraire la douleur émotionnelle par la douleur physique. Cependant, après avoir infligé de la douleur pour ces raisons malsaines, l’individu se sent brisé ou endommagé, et plus aliéné des autres.

Dans le cas du BDSM, la motivation à s’adonner à cette forme d’automutilation dans un contexte sexuel provient du “désir, de la faim, de l’impatience, de l’anxiété de commencer”. Pendant le comportement pervers, les sentiments d’excitation, de plaisir et de connexion abondent. Après, les joueurs se sentent “satisfaits, contents, calmes, sécurisés, comblés” et “responsabilisés, aimés, authentiques”. Selon les enquêtes, la plupart des individus qui se sont livrés à l’automutilation non suicidaire ont fini par cesser de se faire du mal après avoir recherché ce sentiment à travers le BDSM.

Kink et BDSM

Pour d’autres, l’adoption d’un comportement pervers peut les aider à faire face à un traumatisme passé. Si le traumatisme lui-même ne sert pas de catalyseur pour développer un kink (ce qui est une idée reçue), il peut être atténué par le jeu.

Cependant, simuler cette agression par le biais d’un jeu de rôle consensuel avec un partenaire de confiance peut l’aider à se sentir puissant (parce qu’il a négocié et accepté l’agression de manière consensuelle et qu’il peut utiliser un mot de passe pour arrêter la scène), fort (parce qu’il se sent capable de surmonter la douleur physique ou l’intensité qui se présente à lui) et courageux, parce qu’il fait face à ce qui peut souvent être une période sombre de son passé. 

Une partie importante de ce programme est la “postcure”, qui désigne le temps et l’espace que les kinksters consacrent à leur santé émotionnelle et mentale, souvent avec leurs partenaires, après s’être livrés à du BDSM. Il s’agit de “câliner, parler, se réhydrater et se “recentrer”, ce qui peut aider ceux qui utilisent le kink pour surmonter des difficultés à traiter leur expérience dans un environnement sain et sûr.

Une communauté inclusive où le consentement est primordial

Le kink peut également contribuer à la création d’un environnement inclusif pour les personnes queer. Si l’on compare le développement de l’identité pour le kink à la manière dont les enfants peuvent réaliser leur identité queer, les étapes émotionnelles sont similaires, y compris la gestion de la stigmatisation et la création d’associations positives avec ces prises de conscience. 

Selon les chercheurs en psychologie sociale, le BDSM en tant qu’orientation sexuelle est une hypothèse populaire, expliquée par l’attirance pour des activités spécifiques ou pour un rôle (dominant, soumis, changeur), qu’il s’agisse de l’individu lui-même ou de ses partenaires. 

Le kink peut également aider les communautés marginalisées à se sentir mieux dans leur peau. Pour les personnes transgenres, les relations qu’elles entretiennent avec leur corps sont marquées par la dysphorie, la gêne et les traumatismes. Pour un groupe dont le corps et l’existence sont ouvertement remis en question, fétichisés, ou qui se sentent indésirables dans les institutions de la société, le consentement dans un scénario sexuel est de la plus haute importance.

Au sein de la sexualité Kink, le consentement est défini comme : “l’indication explicite, par une déclaration écrite ou orale, qu’une personne est disposée à ce qu’une ou plusieurs autres personnes lui fassent quelque chose, ou à accomplir un acte quelconque à la demande ou sur l’ordre d’une ou de plusieurs autres personnes”.

En termes de consentement sexuel, le consentement peut être retiré à tout moment, indépendamment de ce qui a été préalablement négocié oralement ou par écrit, c’est un principe fondamental du kink.

Les personnes transgenres ou non conformes au genre peuvent grandement bénéficier de cette structure, car elles n’ont peut-être pas eu l’occasion ou la possibilité de communiquer leurs besoins sexuels. En utilisant des mots sûrs, elles peuvent se sentir protégées et respectées, et grâce à des communautés BDSM locales très unies, elles peuvent rencontrer des personnes qui les respecteront et respecteront leurs limites.

Pour Kinklure…

Nombre de personnes, qu’elles soient de la communauté transgenre ou non conforme au genre, qu’elles soient hétéronormées ou non, se délectent de ces formes non traditionnelles de sexualité et de relations. Après tout, cela ne fait-il pas partie de notre examen permanent de l’expérience humaine ? 

Il est donc dommage que certaines formes de kink, et en son sein le BDSM, soient considérées comme détachées, cruelles et violentes.

En réalité, le kink peut être un moyen pour les gens de faire valoir leur vulnérabilité, d’entretenir des liens intimes avec diverses personnes et d’apprendre à communiquer et à négocier des préférences sexuelles variées sans porter de jugement. 

Le kink n’est pas “bizarre”, ni quelque chose à stigmatiser.

Lorsque nous parvenons à mieux comprendre les pratiques sexuelles non normatives, nous normalisons des identités qui sont autrement marginalisées et, qui sait, nous pouvons même apprendre une ou deux choses, tant dans le domaine du sexe qu’en dehors.

En vous souhaitant, encore et toujours, plus de plaisir… Toujours dans le respect et le consentement.

SOURCES

Gode is Love applique des directives strictes en matière de sources d’information et s’appuie sur des livres et sites web de professionnels du secteur, et des études évaluées par des pairs, des instituts de recherche universitaires et des associations médicales.

Voici les sources que nous avons utilisé pour la rédaction de cet article :