La maîtrise de l’orgasme, souvent appelé par son anglicisme “edging”, est une pratique sexuelle qui consiste à amener son ou sa partenaire au bord (« edge » en anglais) de l’orgasme et maintenir cet état d’excitation et de plaisir sexuels très élevés (phase pré-orgasmique) pendant une longue période avant de lui faire atteindre l’orgasme dont l’intensité et la durée se trouvent également amplifiées.
L’edging peut être pratiqué par le partenaire actif en prolongeant lui-même sa propre phase pré-orgasmique. Il peut aussi être pratiqué simultanément par les deux partenaires ou encore de manière solitaire, lors de la masturbation.
Rien à voir, donc, avec la célèbre chanson d’Aerosmith “Living On the edge”. Quoi que, ça n’aurait rien d’étonnant venant de Steven Tyler, cet homme sait clairement comment passer du bon temps !
Sommaire
Mythes et idées reçues sur l’edging
Certaines maladies affectent l’éjaculation (l’écoulement du sperme du pénis). Mais il ne faut pas les confondre avec l’edging.
- L’éjaculation précoce est le fait d’atteindre l’orgasme très rapidement. Les causes vont des traits génétiques à l’anxiété. L’éjaculation précoce concerne 40% des personnes dotées d’un pénis à un moment ou à un autre.
- L’éjaculation rétrograde se produit lorsque les muscles de l’urètre ne se contractent pas correctement, ce qui entraîne une remontée du sperme dans la vessie. Ce phénomène est connu sous le nom d’orgasme sec, car l’orgasme est atteint sans qu’il y ait d’éjaculation visible. Elle peut résulter de lésions nerveuses liées à d’autres pathologies telles que le diabète, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, les lésions de la moelle épinière et certaines interventions chirurgicales.
- L’edging n’est pas la même chose que l’anorgasmie. Les personnes qui pratiquent activement l’edging peuvent retarder l’orgasme dans un but précis. En revanche, les personnes souffrant d’anorgasmie ne peuvent pas choisir d’avoir un orgasme différé ou non. L’anorgasmie est un problème courant chez les femmes, mais elle peut aussi toucher les hommes. Les personnes qui en sont atteintes tardent à atteindre l’orgasme. Alors que certaines personnes souffrent d’anorgasmie tout au long de leur vie, d’autres peuvent développer ce trouble à un âge avancé ou dans des situations spécifiques. Si vous souffrez d’anorgasmie, nous vous conseillons de consulter un professionnel de santé avant de vous engager dans la pratique de l’edging, qui pourrait ne pas améliorer votre situation.
- Il n’existe pas de règle sur la durée de l’edging. En général, les personnes arrêtent la stimulation avant d’atteindre l’orgasme pendant environ 30 secondes. Ils peuvent arrêter le cycle de l’edging dès qu’ils se sentent prêts à avoir un orgasme.
- Contrairement à la légende urbaine, l’edging n’engendrera pas une épididymite, ou syndrome “des boules bleues” (une accumulation de sang dans les testicules causée par de trop longues périodes d’excitation sans éjaculation pouvant provoquer des douleurs et une coloration bleue des testicules). Une épididymite est généralement d’origine infectieuse. Elle peut être due à une infection sexuellement transmissible (IST) telle que la chlamydia, qui est causée par la bactérie Chlamydia trachomatis, et la gonorrhée, qui est causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae. Elle peut aussi être causée par une infection urinaire, notamment lors d’une infection à Staphylococcus aureus ; une infection de la prostate, se manifestant par une prostatite, qui peut être la conséquence d’une hypertrophie bénigne de la prostate, d’un examen médical ou encore d’une intervention chirurgicale au niveau de la prostate. En bref, vous retenir d’éjaculer plusieurs fois lors d’un rapport ne vous donnera pas des testicules de Schtroumpf.
- L’edging est, en résumé, un moyen sûr et sain d’explorer la sexualité. En plus de ne causer aucune pathologie ni aucun effet secondaire, il peut accroître la satisfaction, indépendamment de votre genre, de votre sexe ou de votre orientation sexuelle, et il peut aussi bien être pratiqué seul que pendant les rapports intimes avec un.e partenaire. L’edging est un outil malléable de plus à ajouter à votre arsenal d’épicurien curieux et il peut se concentrer sur l’un des partenaires en particulier ou sur les deux à la fois. Le petit détail qui n’enlève rien à son charme, c’est qu’il peut également être utilisé pour améliorer la communication au sein de votre intimité !
Comment s’initier à l’edging ?
Tout d’abord, décidez si vous voulez essayer l’edging seul ou avec un partenaire. Quelle que soit la façon dont vous voulez l’essayer, rappelez-vous qu’il est toujours bon d’apprendre à connaître son corps. Des orgasmes plus intenses sont la cerise sur le gâteau.
L’edging en Solo
Dans les pratiques sexuelles en solitaire comme la masturbation, l’edginɡ consiste à maîtriser le moment de son propre orgasme en l’approchant, puis en ralentissant la stimulation. Le but est généralement de retarder la survenue de l’orgasme, afin de prolonger le plaisir qui le précède, et d’amplifier les sensations lorsqu’il se produit.
Vous pouvez utiliser vos mains ou des jouets pour explorer l’edging. Quelle que soit la façon dont vous vous y prenez, avancez lentement et délibérément, en prêtant une attention particulière aux signaux de votre corps. Lorsque vous sentez que vous êtes proche de l’orgasme, c’est le moment de ralentir ou d’arrêter complètement. L’étape suivante consiste à se calmer, à se retenir et à se reposer jusqu’à ce que l’orgasme ne prenne pas le dessus. Essayez de respirer profondément ou de passer vos mains sur votre peau. Laissez votre corps apprécier une autre forme de toucher. Pensez à ce qui vous a rapproché de l’orgasme et notez les sensations de votre corps. Lorsque vous êtes prêt, vous pouvez recommencer et faire autant de cycles que vous le souhaitez.
L’edging avec un partenaire
Dans les pratiques sexuelles en couple ou à plusieurs partenaires, il existe plusieurs pratiques tentant de maîtriser l’orgasme, toujours dans le but de maximiser le plaisir ressenti.
Il peut s’agir de retarder le déclenchement de l’orgasme chez les deux partenaires ou seulement chez l’un d’eux. L’edging peut se pratiquer en masturbant l’un des deux partenaires, lors d’une fellation, d’une branlette espagnole, d’un cunnilingus mais également lors d’une pénétration vaginale comme dans le cas du coitus reservatus.
La maîtrise de l’orgasme peut aussi consister en un jeu de stimulation et de frustration, si l’un des partenaires laisse à l’autre la maîtrise de la stimulation érotique, comme c’est le cas dans les pratiques où l’un des partenaires reste volontairement passif, et dans les pratiques de bondage ou de soumission sexuelle.
L’edging avec un partenaire peut impliquer les mains, la bouche, les organes sexuels et les sextoys. Discutez de la manière de signaler que l’un de vous a besoin d’une pause. Il peut s’agir d’un mot ou d’un geste, selon ce qui convient le mieux. Essayez de changer de position ou d’intensité lorsque l’un de vous est proche de l’orgasme. Passez de la pénétration au toucher, ou de la stimulation orale à l’utilisation d’un jouet. Vous pouvez commencer par quelques cycles d’edging, puis en faire autant que vous le souhaitez. Procédez à des massages sensuels l’un sur l’autre pendant les pauses. Plus il y a de cycles, plus le sang afflue dans la région pelvienne. Cela favorise l’excitation et peut conduire à des orgasmes plus puissants.
Côté Vulve
Vous pouvez pratiquer l’edging en prêtant attention aux sensations de votre corps pendant l’activité sexuelle. Lorsque vous sentez qu’un orgasme est sur le point de se produire, arrêtez la stimulation ou réduisez-en l’intensité pendant plusieurs secondes.
Une autre façon de procéder consiste à profiter de ce moment pour changer de position ou passer à une autre activité sexuelle. Cela vous permet de “redescendre” du bord de l’orgasme. Vous pouvez ensuite reprendre la stimulation et répéter ce processus jusqu’à ce que vous soyez prêt.e à atteindre l’orgasme.
Côté Pénis
La pratique de l’edging peut prendre de nombreuses formes. Par exemple, vous pouvez pratiquer la “méthode de la pression” lorsque vous pratiquez l’edging pendant la masturbation. Pour ce faire, pressez le haut du pénis et arrêtez la stimulation pendant 30 secondes pour éviter l’éjaculation.
L’edging est un moyen d’explorer de nouveaux domaines de votre ou vos relations, de trouver de nouvelles façons de vous faire plaisir et de faire plaisir à votre partenaire, et vous donne des orgasmes plus puissants. Se laisser aller aux sensations du sexe, au lieu de chercher à atteindre l’orgasme, peut ouvrir la voie à une relation plus ludique et plus spontanée, vous rapprocher émotionnellement de votre partenaire et vous aider à devenir un.e meilleur.e amant.e.
Les avantages à pratiquer l’edging
Selon la Société Internationale de Médecine Sexuelle (International Society for Sexual Medicine), l’edging peut augmenter l’intensité de l’orgasme. Cela peut s’appliquer aux rapports sexuels avec un.e partenaire ou à la masturbation. Inclure une période d’edging pendant les rapports sexuels peut contribuer à augmenter l’excitation et à rendre l’orgasme plus satisfaisant. Ce qui est peu étonnant, quand on compare le sexe “traditionnel” à des pratiques comme le tantra, par exemple, qui lui aussi prône l’idée de “prendre son temps” et aboutit, selon les études, à de meilleurs résultats.
Pratiquer la méthode de l’edging pourrait également faciliter l’atteinte de l’orgasme, car qui dit edging dit exploration, non seulement de son corps, mais aussi de ses limites. Mieux on se connaît, mieux on se fait plaisir, tout simplement !
Les personnes qui souffrent d’éjaculation précoce ou d’orgasme à retardement peuvent trouver la technique de l’edging bénéfique car il peut augmenter la durée du rapport sexuel avant l’orgasme. En grande partie puisque cela enlève aussi une pression énorme, celle sous-jacente de “l’orgasme à tout prix”. Si l’orgasme n’est plus présenté comme un but ou une nécessité, on se concentre sur quoi ? Sur le plaisir, et ça peut rendre l’expérience bien plus fun !
Lorsqu’une personne sent qu’elle est sur le point d’atteindre l’orgasme, elle peut donc s’autoriser à varier l’intensité du rapport ou de la masturbation. Il peut s’agir d’un ralentissement, d’un changement de position ou d’un arrêt complet de la stimulation.
Si elle allonge la durée de l’acte sexuel, cette technique permet également de changer la dynamique en détournant l’attention de l’orgasme. Cela peut permettre de profiter pleinement du processus de stimulation.
La technique de l’edging incite donc à ralentir. Comme nous l’avons vu dans notre article sur le “Slow Sex Love”, ralentir peut aider les gens à découvrir leurs déclencheurs sexuels sans avoir un orgasme trop rapide. Par exemple, une étude réalisée en 2018 a révélé que si pour certaines femmes il est possible d’atteindre l’orgasme par le seul biais de la pénétration, cela reste rare. Alors que la stimulation clitoridienne est plus susceptible d’aboutir à l’orgasme et de le rendre meilleur. Or pour stimuler correctement, il faut souvent y mettre moins d’énergie que de temps.
L’edging peut vous donner l’occasion d’essayer de nouvelles activités et de nouvelles façons de vous toucher ou de vous stimuler. Il peut également vous aider, vous et votre ou vos partenaire.s, à prendre confiance l’un.e en l’autre.
La première fois où l’on saute le cap peut s’avérer une expérience parfois un peu déstabilisante pour les nouveaux couples. L’edging peut vous donner l’opportunité de discuter de vos intérêts sexuels, vos désirs, vos fantasmes et d’apprendre à vous connaître, sans que cela rende la situation embarrassante.
Au contraire, l’edging étant un peu comme des préliminaires infinis, vous pouvez saisir l’occasion pour vous découvrir tout sensuellement, vous appliquer à soigner l’ambiance, de façon à rendre votre première nuit mémorable et la plus rassurante possible.
Précautions et considérations à prendre vis-à-vis de l’edging
Le seul petit bémol, en ce qui concerne l’edging, est qu’il est souhaitable de savoir combien de fois vous ou votre partenaire pouvez vous arrêter dans votre stimulation, juste avant l’orgasme, sans pour autant perdre votre excitation.
Dans le livre d’Emily Nagoski “Come as You Are”, elle décrit comment le désir sexuel de chaque personne possède un accélérateur et un frein. L’accélérateur aide l’individu à éprouver du désir sexuel, tandis que le frein s’y oppose.
En clair, chaque personne possède des accélérateurs et des freins différents. L’edging peut être une bonne pratique pour les explorer et les identifier, seul.e, à deux ou à plusieurs.
Si l’edging augmente les sensations agréables, il pourrait accroître la motivation d’une personne pour le sexe (un accélérateur). En revanche, si l’edging entraîne une perte d’excitation, ce qui est désagréable, il pourrait diminuer la motivation pour le sexe (un frein).
Pour certain.e.s, le fait de s’arrêter juste avant l’orgasme peut entraîner une perte d’excitation ou empêcher l’orgasme par la suite. Pour ces personnes, l’edging pourrait ne pas convenir. Cependant, l’orgasme n’est pas nécessairement le but ultime de l’acte sexuel. Si le but est de prolonger le plaisir indépendamment de l’orgasme, l’edging peut être un bon moyen d’y parvenir !
En fin de compte, l’edging est une pratique sexuelle sûre qui peut présenter des avantages pour certaines personnes et certains couples. Toutefois, si vous décidez de pratiquer l’edging avec un partenaire sexuel, il est important d’en discuter au préalable.
Si la prolongation d’une expérience sexuelle peut être souhaitable pour certain.e.s, elle n’est pas forcément intéressante pour tout le monde. Par exemple, le fait de commencer et d’arrêter sans cesse l’activité sexuelle avec un partenaire peut sembler agréable à une personne, mais fatigant ou fastidieux à une autre.
Par conséquent, veillez à communiquer honnêtement et directement avec votre ou vos partenaires sexuels au sujet de l’edging (et de toute autre activité sexuelle) afin de vous assurer que l’expérience est consensuelle et agréable pour toutes les personnes impliquées.
Et sur ce nous vous souhaitons, comme toujours, bien du plaisir…
SOURCES
Gode is Love applique des directives strictes en matière de sources d’information et s’appuie sur des livres et sites web de professionnels du secteur, et des études évaluées par des pairs, des instituts de recherche universitaires et des associations médicales.
Voici les sources que nous avons utilisé pour la rédaction de cet article :
- “What is “edging” and why might it be employed?” – Article sur le site de International Society For Sexual Medicine, 2016
- “Sexe : 10 chiffres fascinants à connaître sur l’orgasme féminin” – Article sur le site de Grazia, 2020
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“The Multi-Orgasmic Man: Sexual Secrets Every Man Should Know” par Mantak Chia et Douglas Abrams
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“The New Male Sexuality: The Truth About Men, Sex, and Pleasure” par Bernie Zilbergeld
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“Come As You Are: The Surprising New Science That Will Transform Your Sex Life” par Emily Nagoski. Bien que ce livre ne soit pas spécifiquement sur l’edging, il offre un aperçu des mécanismes de la réponse sexuelle.
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“A Guide to Mastering Orgasm Control for More Satisfying Sex” – Article sur le site Healthline, 2019