Qu’appelle-t-on le troisième sexe ?

Le concept de genre est extrêmement vaste et il existe de nombreuses façons de s’identifier, en particulier en dehors du côté binaire du genre. L’idée qu’il n’existe que deux genres est totalement biaisée et efface l’histoire des personnes qui rejettent depuis longtemps les binaires biologiques et psychologiques du sexe et du genre, comme celles qui relèvent du terme générique de “troisième genre”. Et malgré la très grande notoriété de ce terme en France notamment due au groupe Indochine, nous ne vous parlerons pas de musique…

Définition du terme

Le terme “troisième genre” est utilisé pour décrire une personne qui ne s’identifie pas à “la notion extrêmement limitative et totalement inexacte d’un genre binaire”, masculin et/ou féminin, explique Rachel Lynn Golden, psychologue clinicienne agréée et chercheuse sur la sexualité et l’identité de genre. Il peut être utilisé pour décrire une personne non binaire, pansexelle, bisexuelle, intersexe ou queer, ou toute personne qui exprime son genre différemment du sexe qui lui a été assigné à la naissance.

Néanmoins, il est important de noter que le terme “troisième genre” n’est pas un terme utilisé dans la vie quotidienne par les communautés qui sont étiquetées comme telles. Le terme “semble provenir d’une notion archaïque et académique selon laquelle il n’y a que trois options de genre – femme, homme et “autre””, explique Rachel Golden, et il peut donc être offensant et même invalider l’identité de genre d’une personne.

L’implication du mot “troisième” peut être perçue comme plaçant ces personnes derrière les deux autres genres. S’il y a un “troisième genre”, alors qu’est-ce que le premier genre ? Qu’est-ce que le deuxième genre ? Des questions auxquelles nous n’avons bien-sûr pas la réponse puisqu’il s’agit d’interprétations et non de faits.

Cela dit, le terme “troisième genre” peut être valorisant pour certaines personnes, et chacun devrait pouvoir choisir l’identité de genre qui lui semble le mieux correspondre à son expérience.

Les termes les plus apparentés au « troisième sexe » sont :

  • demi-sexuel
  • bisexuel
  • pansexuel
Demisexualité Définition

Que signifie être du troisième genre ?

Les origines de ce terme

L’histoire du troisième sexe remonte au plus loin à 385 av. J.-C., lorsque le philosophe grec Platon a parlé d’un troisième sexe, à la fois masculin et féminin, dans son symposium. Tout au long de l’histoire et à travers les cultures, le terme a été utilisé pour décrire divers groupes de personnes de divers domaines.

Par exemple, le troisième sexe a pu être employé pour désigner des eunuques romains (hommes castrés qui occupaient souvent des postes respectés de serviteurs ou de prêtres), des burneshas albanaises (femmes vierges qui vivent leur vie comme des hommes pour obtenir certains droits et privilèges), des homosexuels, des lesbiennes, des personnes transgenres ou nées avec des traits biologiques à la fois masculins et féminins.

Le terme “troisième sexe” dans sa version contemporaine est apparu à la fin du XIXème siècle chez les sexologues pour désigner les hommes homosexuels et les lesbiennes. Il considérait l’existence d’un facteur inné ou biologique dans les comportements qui sortaient des conventions traditionnelles d’homme et de femme. Cependant, il confondait également le désir de même sexe avec la variance de genre. Voici quelques interprétations du « troisième sexe » à partir du XIXème siècle :

  • 1860 : Karl Ulrichs a utilisé le terme « Urning » pour décrire un être masculin du troisième sexe qui désirait d’autres hommes
  • 1886 : Richard von Krafft-Ebing a utilisé le terme d’inverti sexuel pour décrire un être similaire dans son ouvrage « Psychopathia Sexualis »
  • 1896 : Ellis et Symonds font paraître une étude intitulée « Sexual Inversion » où ils reprennent la notion inversion sexuelle
  • 1908 : Edward Carpenter a suivi le modèle du troisième sexe dans son ouvrage « The Intermediate Sex »

La notion d’inversion sexuelle insiste sur un système à deux sexes, considérant les hommes homosexuels comme des femmes piégées dans des corps d’hommes et les femmes homosexuelles comme des hommes piégés dans des corps de femmes. La notion de sexe intermédiaire offre des possibilités au-delà des deux genres, permettant trois genres ou plus, dont au moins un n’est ni masculin ni féminin.

La montée en puissance de la psychanalyse dans l’Europe du XXème siècle, avec son intérêt pour le désir sexuel, a dépassé le simple modèle du troisième sexe. Le terme “homosexuel”, inventé dans les années 1860, a fini par remplacer des termes tels que “urning”, “invert”, “intermediate type”, “third sex” et “psychic hermaphrodite” pour décrire les personnes ayant des désirs homosexuels.

Les femmes homosexuelles sont devenues « lesbiennes », un terme qu’Ellis a contribué à populariser en faisant référence aux désirs homosexuels des femmes de Lesbos. En 1928, Radclyffe Hall a repris l’idée de l’inversion sexuelle dans son roman lesbien « The Well of Loneliness » (1928) parce qu’elle offrait à son héroïne un moyen honorable de désirer d’autres femmes. En effet, pour elle, si le moi intérieur était vraiment masculin, désirer une femme serait normal plutôt que pervers.

Cependant, le modèle du troisième sexe a largement disparu. Il manquait la notion de variance de genre, qui pouvait ou non être incluse dans les termes “homosexuel” ou “lesbienne”. Le terme “gay” a fini par remplacer le terme “homosexuel”, et a été étendu aux femmes. Le terme “troisième sexe” apparaît parfois dans les romans afin de rendre l’homosexualité sensationnelle et de faire passer les gays et les lesbiennes pour des personnes étranges, moins qu’humaines.

Dans sa version moderne

La fin des années 1980 et le début des années 1990 ont vu un regain d’intérêt pour la question du genre chez les féministes, les lesbiennes, les homosexuels, les militants intersexes et les personnes qui se sentaient de plus en plus aliénées par des catégories sexuelles qui ne prenaient pas en compte la variété des genres.

Le mot “queer” a commencé à circuler comme un terme générique pour ceux qui reniaient les catégories normales de genre et de sexualité, et de plus en plus de personnes ont commencé à expérimenter une expression de genre alternative par le biais de l’hormonothérapie, de la chirurgie, du textile et de la gestuelle. Alors que les personnes queer et transgenres commençaient à remettre en question les dénominations sexuelles, l’idée de trois genres ou plus s’est à nouveau imposée.

La visibilité des personnes queer, intersexuées et transgenres a entraîné le retour du troisième sexe en tant qu’alternative aux corps et désirs hétérosexuels des hommes et des femmes. Au début du XXIème siècle, Anne Fausto-Sterling, biologiste et professeure d’université, a soutenu qu’il existe au moins cinq sexes naturels chez les êtres humains et qu’une intervention médicale peut priver un enfant intersexué d’une identité de genre saine et une vie sexuelle et reproductive.

Aujourd’hui, le terme “troisième sexe” peut être utilisé pour décrire des communautés telles que les hijras en Asie du Sud (une communauté qui comprend des personnes intersexuées, des transgenres, des hommes castrés et des personnes qui se travestissent) et les muxes au Mexique, une communauté de femmes transgenres et personnes non binaires.

Toutefois, si les personnes extérieures peuvent qualifier ces communautés de “troisième sexe” ou “troisième genre”, cela ne signifie pas nécessairement qu’elles se désignent elles-mêmes comme telles. Dans le sud de l’Inde, de nombreux militants des communautés transféminines se sont dissociés de ce terme. Dans des régions comme le Tamil Nadu, ils ont plutôt adopté le terme anglais “transgender” (transgenre) et d’autres termes tels que « thirunangai », « transwoman », et « thirunambi », « transman ».

Troisième Genre

Différences entre troisième sexe, non-binaire, pansexuel et bisexuel

La différence est que le “troisième sexe” est un terme académique qui généralise tous les genres expansifs au-delà du binaire en tant que “troisième genre”. Les termes “non-binaire”, “pansexuel”, “bisexuel” et autres sont des termes qui sont choisis par chaque individu.

Une personne du troisième genre peut ou non être non binaire, pansexuelle ou bisexuelle. Rappel : “troisième sexe” est un terme qui a été historiquement utilisé dans les universités et les médias pour décrire divers groupes de personnes qui se situent en dehors du binaire du genre masculin et/ou féminin. Une personne transgenre, par exemple, peut subjectivement relever du terme générique de “troisième genre” tout en restant dans le binaire du genre en tant que femme transgenre ou homme transgenre.

En fin de compte, c’est à chaque personne de déterminer le terme qui lui convient le mieux, et c’est à tout le monde d’honorer son identité de genre et d’être flexible si et quand elle change.

À quoi ressemble le troisième sexe ?

Comme pour les autres genres et sexualités, il n’y a aucun moyen de savoir si une personne est du troisième genre en se basant uniquement sur son apparence physique. Il n’est pas non plus très habile de demander à quelqu’un quelle est sa sexualité ou son genre, et il n’est pas non plus approprié de supposer l’un ou l’autre.

Certains hijras (communauté dans le sud de l’Asie citée précédemment) se présentent d’une manière typiquement associée aux femmes, par exemple en se maquillant, en portant des cheveux longs et des vêtements féminins, mais même s’ils se présentent comme des femmes, ils ne s’identifient pas forcément comme tel.

Il est préférable d’utiliser le terme que la personne utilise pour s’identifier, si et quand elle décide de faire son coming-out.

Signes d’appartenance à un troisième sexe

Il n’existe pas vraiment de règles pour déterminer l’identité de genre ou l’orientation sexuelle d’une personne, mais il existe des signes qui indiquent que vous pourriez appartenir à un troisième genre.

Votre genre ne correspond pas au sexe qui vous a été attribué à la naissance

Si l’étiquette “cisgenre” (qui signifie que vous êtes le sexe qui vous a été assigné à la naissance) ne correspond pas à la façon dont vous comprenez votre genre, il se peut que vous soyez un “queer” ou un troisième genre.

Les attentes ou les contraintes sociales liées à votre genre ne correspondent pas au genre que vous vous reconnaissez

S’il existe un décalage entre le sexe qui vous a été assigné à la naissance et toutes les normes sociétales qui y sont attachées, et la manière dont vous vous identifiez personnellement, vous pouvez alors relever d’une ou de plusieurs des identités qualifiées de “troisième sexe”.

Vous vous identifiez à plusieurs genres ou à aucun genre

En fait, il n’y a pas de limite à la façon dont vous vous identifiez. Vous pouvez vous identifier comme non-binaire, intersexuel, demi-sexuel, pansexuel, bisexuel ou asexuel (ce qui signifie que vous ne vous identifiez à aucun genre particulier).

Si vous vous demandez si votre genre est expansif ou non, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Le fait d’appartenir à un genre étendu vous permet de faire partie d’une communauté magnifique qui a existé à travers les cultures et les époques.

Il existe également plusieurs moyens d’entrer en contact avec d’autres personnes dont le genre est expansif ou non binaire, comme les groupes de paroles ou les accompagnements réalisés par Le Planning Familial ou le projet SEX-ED + qui sensibilise sur les sujets liés à l’éducation sexuelle et aux anatomies génitales et réponses sexuelles.

Signes d'appartenance troisième sexe

Comment soutenir des amis ou des partenaires qui sont du troisième sexe ?

C’est toujours une bonne idée de poser des questions sur les pronoms et de partager les vôtres, si vous vous sentez à l’aise pour le faire. Si vous vous trompez de genre, ne vous inquiétez pas : excusez-vous et corrigez votre erreur sans en faire toute une histoire. Il n’est pas nécessaire de faire sentir à quelqu’un qu’il ou elle doit s’expliquer ou justifier son genre.

Si un ami ou un partenaire décide de faire son coming out, il est important de créer un espace sûr et sans jugement. Le coming out est une chose difficile à faire, et il est important que votre ami ou partenaire se sente pleinement accepté et soutenu.

Une autre façon de soutenir votre ami.e ou partenaire de genre expansif est de lutter pour ses droits. Vous pouvez lui demander son pronom, ne pas remettre en question ses choix (si la personne suit un traitement hormonal par exemple), ne pas remettre le sexe de naissance au centre des discussions, et apporter votre soutien lorsqu’elle est victime de discrimination. Les discriminations et propos déplacés sont punis par la loi. Ils ont souvent en lien avec l’ignorance et le manque d’éducation de leur auteur sur le sujet.

Le mot de la fin

L’expression “troisième sexe” reflète la diversité et la complexité des identités de genre au-delà du binaire traditionnel masculin et féminin, englobant une variété d’expériences personnelles et culturelles. Bien que ce terme puisse être source de valorisation pour certains, il est crucial de respecter l’autonomie de chacun dans la définition de son identité de genre. La compréhension et le soutien envers les personnes qui s’identifient en dehors du binaire de genre sont essentiels pour une société inclusive et respectueuse de toutes les expressions de genre.

Dans un monde où la diversité des genres et des sexualités est de plus en plus reconnue et célébrée, la notion de “troisième sexe” ou “troisième genre” s’inscrit dans une dynamique d’ouverture et d’exploration de l’identité et du plaisir sous toutes ses formes. Chez Gode is Love, nous comprenons et embrassons cette diversité en proposant une large gamme d’accessoires érotiques conçus pour tous, sans distinction de genre ou d’orientation sexuelle.

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En vous souhaitant, comme d’habitude, bien du plaisir…

SOURCES

Gode is Love applique des directives strictes en matière de sources d’information et s’appuie sur des livres et sites web de professionnels du secteur, et des études évaluées par des pairs, des instituts de recherche universitaires et des associations médicales.

Voici les sources que nous avons utilisé pour la rédaction de cet article :

  • “Platon et le troisième sexe” – Article sur le site Le Temps, 2015
  • “Les hijras : une communauté « transgenre » en voie de disparition ?” – Article sur le site de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM), 2018
  • “Comment aborder la non-binarité et la fluidité de genre” – Article sur le site de l’Association des Journalistes LGBT, 2021
  • “Troisième Sexe, d’Indochine, une chanson d’utilité publique?” – Article sur le site de L’Express, 2015