Autre terme pour désigner l’appétit sexuel, le terme “libido” décrit le désir d’une personne pour l’activité sexuelle. Il n’existe pas de mesure numérique de la libido, mais on la qualifie généralement de faible ou élevée. De nombreux facteurs peuvent affecter notre désir sexuel, qu’il s’agisse de raisons biologiques ou de facteurs sociaux ou psychologiques. C’est ce que nous allons vous expliquer dans cet article !
Note de la rédaction : Dans le cadre de cet article, le terme “homme” fait référence aux personnes nées avec un pénis et autres organes reproducteurs masculins, tandis que le terme “femme” fait référence aux personnes nées avec un vagin et autres organes reproducteurs féminins.
Sommaire
Les diverses approches de la libido
Psychologique
En psychologie, la libido (/lɪˈbiːdoʊ/ ; du latin libīdō, “désir”) est décrite comme une composante de “l’instinct de vie” ou de la “pulsion biologique instinctive” pour le sexe. En médecine, la libido est fréquemment utilisée pour évaluer le bien-être émotionnel d’une personne, sa fonction sexuelle ou sa réaction à des problèmes de santé ou à des traitements médicaux. Le terme “libido” a été utilisé à l’origine par le neurologue et psychanalyste pionnier Sigmund Freud, qui l’a d’abord employé pour désigner simplement le désir sexuel.
Son confrère et ami (à l’époque, mais ceci est une autre histoire, qui vous sera contée une autre fois…) Carl Jung, désignait plutôt la libido comme étant l’énergie psychique de la pulsion sexuelle. C’est devenu un concept essentiel de la théorie psychanalytique.
Alfred Adler, élève de Freud, a ensuite développé ce concept qui s’est élargi pour inclure l’énergie fondamentale de toutes les expressions de l’amour, du plaisir et de la préservation de soi, décrivant l’intimité au sens large comme un des trois “piliers fondamentaux” de la santé psychique humaine.
Biologique
Sur le plan biologique, les hormones sexuelles et les neurotransmetteurs qui leur sont associés agissent sur le noyau accumbens (principalement la testostérone, l’œstrogène et la dopamine) régulent la libido. Mais elle peut également être affectée par des facteurs sociaux (le travail, la famille…), par des facteurs psychologiques (la personnalité et le stress) ainsi que par des conditions médicales, des médicaments, le mode de vie, des problèmes relationnels et l’âge.
La perspective évolutive
Darwin la reconnaît comme une force importante dans l’évolution de la sélection naturelle, dont le but est de pousser les espèces à procréer et à transmettre leur héritage génétique aux générations suivantes (en haut de la chaîne libidineuse animale, on aura par exemple les bonobos et en bas de la chaîne…nos pauvres amis Pandas, qu’on essaie de sauver de l’extinction). De nombreuses espèces connaissent des fluctuations de leur réactivité sexuelle au cours du cycle œstral. La réceptivité sexuelle des femelles connaît, d’un point de vue strictement physiologique, de subtiles variations suivant leur cycle menstruel (en général plus élevée lors de l’ovulation). On peut observer le même genre de fluctuation chez les femmes, mais la libido humaine est principalement mentale et profondément ancrée dans notre environnement culturel. Bien que la pulsion sexuelle de base soit essentiellement de nature biologique, les spécificités de l’attirance peuvent être influencées au niveau culturel, en particulier à un âge précoce de la vie.

D’un point de vue neurologique
Chez les hommes comme chez les femmes, la libido est directement liée aux hormones androgènes, à savoir la testostérone. Le fait que les hommes ont environ 40 fois plus de testostérone que les femmes fait qu’on leur attribue un appétit sexuel plus développé et un comportement plus agressif. Une telle disparité dans les niveaux de testostérone existe également chez d’autres mammifères. Par conséquent, la plupart des espèces présentent un penchant pour une libido et une agressivité plus prononcées chez les mâles que chez les femelles. Le rôle exact des peptides dans la libido et l’excitation sexuelle n’est pas encore certain, en partie à cause de la multiplicité de leurs rôles et de leurs sites d’action. Cependant, l’ocytocine, un neuropeptide souvent appelé “hormone du lien”, joue un rôle important dans le comportement sexuel et parental. Outre la régulation de la pulsion sexuelle, des voies neuronales complexes de l’ocytocine contrôlent l’érection du pénis et l’appétit sexuel en général.
La dopamine joue un rôle important dans la libido et le désir. Cette hormone et neurotransmetteur est l’un des principaux acteurs du corps humain. Les hormones stéroïdiennes favorisent l’augmentation de la synthèse de la dopamine et sa libération pendant les périodes de réponse sexuelle accrue, ce qui se traduit par une augmentation de la libido.

Les différentes hormones sexuelles
Les principales hormones sexuelles ne sont pas Athos, Porthos et Aramis (pardon, c’était pour voir si vous suiviez…).
On les nomme l’œstrogène, la progestérone et la testostérone.
La progestérone et les œstrogènes sont associées au cycle menstruel, et la testostérone à la production de sperme. Ces trois mousquetaires sont pourtant bien tous p(our un!)résents dans le corps des hommes comme des femmes, c’est juste une question de différence de quantité ! Mais quelles sont les fonctions de ces hormones, et de quelle manière influencent-elles la libido masculine et féminine ?
La libido féminine
Comme nous l’avons mentionné, chez les femmes, il y a des moments du cycle où les niveaux de libido sont généralement considérés comme plus élevés. En général, à l’approche de l’ovulation. Une baisse des œstrogènes et une augmentation de la progestérone, vers la fin du cycle, peuvent entraîner une baisse du désir. De nombreuses femmes signalent une augmentation de leur libido pendant les règles. Il est peu probable que les femmes sous contraception hormonale connaissent les mêmes fluctuations hormonales de leur libido, car les hormones synthétiques de la contraception empêchent l’ovulation. De ce fait, une baisse de la libido est souvent signalée comme un effet secondaire indésirable de la contraception hormonale.
En règle générale, la libido est à son maximum à des moments du cycle où la progestérone est faible et les œstrogènes élevés. La progestérone peut donner une sensation de ballonnement, de léthargie et est associée aux symptômes indésirables du syndrome prémenstruel. Les œstrogènes, en revanche, peuvent être énergisants, donner un éclat sain à la peau et stimuler la libido. En plus d’influencer la libido, les œstrogènes remplissent un certain nombre de fonctions dans l’organisme féminin :
- Aide à la croissance et au développement des seins
- La croissance des poils du pubis et des aisselles
- Régulation des étapes du cycle menstruel
- Protéger la santé des os
- Contrôle du cholestérol
- Affecter le cerveau, le cœur et d’autres tissus
- Modification de l’humeur et des niveaux d’énergie

La testostérone est également présente en petites quantités dans le corps féminin. Bien qu’elle ne soit pas directement liée aux niveaux de libido, elle joue un rôle clé dans la réparation et le maintien des tissus reproducteurs et de la masse osseuse. Les niveaux d’hormones fluctuent également pendant et après la grossesse, ce qui peut avoir un impact sur la libido. Les niveaux élevés de progestérone peuvent diminuer le désir sexuel pendant la grossesse ou l’allaitement. À la ménopause, les niveaux d’hormones cessent de fluctuer. Cela peut entraîner une baisse de la libido, mais il est tout à fait sain et normal de continuer à avoir des rapports sexuels (et d’en avoir envie) après la ménopause.
La libido masculine
Alors que la libido féminine a tendance à fluctuer au cours de chaque cycle, la libido masculine a tendance à fluctuer sur une période plus courte, avec des niveaux de testostérone qui augmentent et diminuent quotidiennement. Ainsi, l’appétit sexuel est souvent le plus élevé le matin, lorsque les niveaux de testostérone sont les plus élevés – en plus de cela les hommes se réveillent souvent avec une érection, signe physique d’une libido élevée. La libido diminue généralement au cours de la journée et atteint son niveau le plus bas tard dans la nuit.
En plus de fluctuer sur une période de 24 heures, les niveaux de testostérone diminuent généralement tout au long de la vie d’un homme. Ils atteignent généralement leur niveau le plus élevé à l’adolescence et diminuent graduellement par la suite. À l’image de cette baisse de la testostérone, la libido a également tendance à diminuer avec l’âge. En plus d’influer sur la libido masculine, cette hormone contribue également à réguler :
- la production de spermatozoïdes
- le développement des organes sexuels
- la croissance des poils et des cheveux
- le développement musculaire et la masse osseuse
- l’apparition de la voix à la puberté
- la production de globules rouges
L’estradiol, une forme d’œstrogène, est aussi présent dans le corps masculin et est lié à la libido, à la fonction érectile et à la production de spermatozoïdes. La progestérone joue également un rôle clé dans la régulation des œstrogènes et est nécessaire à la fabrication de la testostérone.

Qu’est-ce qu’un appétit sexuel “normal” ?
Il n’existe pas d’adjectif plus déconcertant que celui-ci… Tout comme il n’existe pas de libido “normale”. Chaque personne est unique en son genre. Et donc chaque libido l’est aussi ! Comme toute forme d’appétit, certaines personnes ont un appétit sexuel très développé et d’autres moins. Une libido élevée ou faible n’est considérée comme un problème que si elle interfère avec la fonction sexuelle ou la qualité de vie d’une personne. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une libido équilibrée contribue au bien-être physique, émotionnel, mental et social via la sexualité. De plus, les médecins modernes reconnaissent l’importance de la libido comme l’un des indicateurs clés de la santé générale et de la qualité de vie.
Quels avantages la libido a-t-elle sur la santé ?
Une libido équilibrée a une influence positive sur la santé générale d’un individu, et offre certains avantages, dont :
- Une sexualité épanouie
- Moins de stress
- Une meilleure santé mentale
- Des relations saines
- Une meilleure confiance en soi
- Un meilleur sommeil
- Un bon cardio

Quand faut-il consulter ?
Libido et problèmes relationnels
De nombreux nouveaux couples passent par une période de forte activité sexuelle au début, qui diminue ensuite avec le temps. D’autre part, une vie trépidante peut rendre certains individus trop fatigués ou trop préoccupés pour ne serait-ce que penser au sexe. Il est courant que l’intérêt pour le sexe fluctue au cours d’une relation. Cela peut être difficile si l’un des partenaires a une libido nettement plus élevée ou plus faible que l’autre, mais il est important de ne pas se mettre la pression, ni l’un ni l’autre. Faire l’amour quand on n’en a pas envie peut nous faire dégoûter et nous donner encore moins envie de le faire, ou entraîner d’autres problèmes comme l’anxiété liée à la performance. La meilleure chose à faire est de faire preuve de patience l’un envers l’autre, de communiquer clairement sur vos besoins et sur ce que vous ressentez, et de vous rappeler que vous pouvez obtenir de l’aide si vous en avez besoin. La thérapie de couple peut vous aider à discuter de vos préoccupations dans un espace sûr et médiatisé.
De la même façon, il n’y a rien de mal à avoir un appétit sexuel élevé. Il s’agit d’un élément tout à fait naturel d’une vie sexuelle saine. Toutefois, une libido trop élevée peut devenir un problème si elle commence à interférer avec votre vie quotidienne. Il existe une différence notable entre une libido vigoureuse, qui peut être une bonne chose, et une libido trop élevée. Un appétit sexuel qui semble incontrôlable et interfère avec la vie quotidienne est une source d’inquiétude. Cela peut être le signe d’un déséquilibre hormonal, de troubles neurologiques ou de troubles de l’humeur tels que l’hypersexualité. Si l’état de votre libido vous inquiète ou qu’elle semble à l’origine de problèmes entre vous et votre/vos partenaire.s, vous avez peut-être besoin de suivre une sexothérapie. Pour en savoir plus sur les options de traitement et les changements possibles, contactez-nous et nous vous guiderons vers un.e sexothérapeute qualifié.e.
Symptômes d’un appétit sexuel trop élevé
- Votre vie sexuelle commence à avoir un impact indésirable sur votre vie, vos relations, votre santé et votre travail
- Le désir sexuel prend le dessus sur vos pensées et votre comportement
- Vous utilisez le sexe pour faire face à des problèmes émotionnels tels que la dépression ou l’anxiété
- Vos relations sont en danger en raison de votre grand appétit sexuel
- Vous vous sentez vide ou insatisfait après avoir eu des rapports sexuels

Symptômes d’une faible libido
- Perte de désir pour un partenaire
- Désintérêt pour la masturbation
- Peu ou pas de fantasmes sexuels
- Stress ou inquiétude concernant le manque d’intérêt pour le sexe
Une baisse persistante de la libido peut être le signe d’un trouble hypoactif du désir sexuel (THDS), un trouble de l’humeur caractérisé par une absence persistante de désir sexuel ou de fantasmes sexuels (en l’absence de toute cause médicale connue) qui provoque alors une détresse dans les relations ou avec le partenaire d’une personne.
Quelles sont les causes d’une baisse de la libido ?
Il existe un certain nombre de choses pouvant causer une baisse de la libido, notamment :
- l’anxiété de performance – l’éjaculation précoce ou les rapports sexuels douloureux peuvent inciter une personne à éviter les rapports sexuels de peur que cela ne se reproduise
- la fatigue – il est fréquent de se sentir trop fatigué pour faire l’amour
- le manque de temps et d’intimité – les exigences de la vie professionnelle et familiale peuvent ne pas laisser suffisamment de temps pour l’intimité et le sexe
- la familiarité – le désir de sexe d’un couple a tendance à diminuer avec le temps
- incompatibilité sexuelle – le désir sexuel peut être affecté si une personne veut constamment plus de sexe que son partenaire ou souhaite un type d’activité sexuelle avec lequel son partenaire n’est pas à l’aise
- l’attirance sexuelle – l’attirance sexuelle pour votre partenaire peut diminuer en cas de changements dans son apparence physique, tels qu’une prise de poids excessive
- la dépression – les troubles mentaux tels que la dépression peuvent entraîner de la fatigue, un manque de motivation, un sentiment de tristesse et un retrait des activités, y compris du sexe
- le stress – les chercheurs ont découvert que les hormones de stress peuvent diminuer le désir et la réponse sexuels
- l’exercice et l’activité physique – trop ou pas assez d’activité physique peut entraîner une perte de libido
- les expériences traumatisantes passées – les traumatismes tels que le harcèlement sexuel, les abus sexuels ou les viols peuvent avoir un impact sur le désir sexuel.
Une baisse de la libido peut également être due à des problèmes relationnels. Si un couple a des problèmes dans d’autres domaines de sa relation, sa vie sexuelle peut en être affectée. Si vous et votre partenaire n’êtes pas satisfaits de votre vie sexuelle, vous pouvez faire appel à un.e sexothérapeute. Cela vous permettra d’apprendre à communiquer afin d’évaluer la qualité générale de votre relation et d’essayer de résoudre les problèmes sous-jacents. Voici quelques problèmes qu’une sexothérapie vous permettrait de résoudre : régler les tensions, apprendre à accroître l’intimité et l’affection physique sans avoir de rapports sexuels, apprendre différentes techniques sexuelles, parler ensemble de vos désirs et de vos fantasmes sexuels, ou encore envisager des stratégies pour pimenter votre vie sexuelle.

Les problèmes de santé peuvent-ils affecter la libido ?
Une baisse de la libido peut être un effet secondaire de certains médicaments. Par exemple, certains antidépresseurs ont pour effet secondaire connu de diminuer la libido. Certaines femmes ont l’impression d’être moins intéressées par les relations sexuelles lorsqu’elles prennent des contraceptifs contenant des hormones, comme la “pilule”. Certaines maladies physiques et certains états pathologiques peuvent entraîner une baisse de la libido, notamment l’anémie, l’insuffisance rénale, l’hypothyroïdie (glande thyroïde sous-active) et la dépression. Si vous vous inquiétez de l’effet d’un médicament sur votre libido, vous pouvez demander à un médecin de changer de médicament ou d’essayer d’autres options.
Conditions affectant la libido féminine
- la ménopause – en raison de la chute des hormones sexuelles
- dyspareunie – rapports sexuels douloureux
- le vaginisme – serrage ou spasme involontaire (sans contrôle conscient de la part de la femme) des muscles vaginaux, rendant la pénétration difficile, voire impossible
- la grossesse, l’accouchement et l’allaitement – en raison des changements dans les niveaux d’hormones, en particulier l’hormone prolactine
- les infections, telles que le muguet ou les infections urinaires
- problèmes pour atteindre l’orgasme – la femme n’arrive pas à atteindre l’orgasme ou à l’atteindre dans le temps voulu par elle et son partenaire
Conditions affectant la libido masculine
- les changements hormonaux – avec l’âge, le taux de testostérone diminue lentement, ce qui, selon certains chercheurs, serait lié à une baisse de la libido
- l’impuissance – l’impossibilité d’obtenir ou de maintenir l’érection nécessaire aux rapports sexuels
- éjaculation précoce – manque de contrôle de l’éjaculation, qui se produit plus tôt que l’homme ou sa partenaire ne le souhaiteraient
- éjaculation retardée – incapacité à atteindre l’orgasme
En conclusion
Non seulement la libido varie d’une personne à l’autre, mais elle peut aussi changer d’un jour à l’autre, tout simplement parce que l’être humain est, lui aussi, en constante évolution. La meilleure façon de vivre sa libido est donc en premier lieu de ne pas la comparer à celle d’autrui.
Déstigmatisons donc cette idée de “normalité” car comme le dit très bien Alice Hoffman dans son livre “Les Ensorceleuses” : “être normal.e n’est pas forcément une vertu, ça démontre plutôt un manque de courage !”
En espérant que cet article vous a instruit et amusé… Nous vous souhaitons, en toute bienveillance, bien du plaisir…
SOURCES
Gode is Love applique des directives strictes en matière de sources d’information et s’appuie sur des livres et sites web de professionnels du secteur, et des études évaluées par des pairs, des instituts de recherche universitaires et des associations médicales.
Voici les sources que nous avons utilisé pour la rédaction de cet article :
-
“Malaise dans la Civilisation” par Sigmund Freud
-
“La Révolution du plaisir féminin : Sexualité et orgasme” par Élisa Brune
-
“The Hormone Cure: Reclaim Balance, Sleep and Sex Drive; Lose Weight; Feel Focused, Vital, and Energized Naturally with the Gottfried Protocol” par Dr. Sara Gottfried
-
“Réaliser sa sexualité : Il n’est jamais trop tard pour une sexualité épanouie” par Marie-Hélène Colson
- “Le Désir Sexuel” par Sébastien Landry
-
“What is Libido ?” – Article sur le site Natural Cycles, 2023